Il me semble brûler, sous ses doigts, l'air plutôt frais créant là un contraste délicieux. Je frémis entre deux respirations, garde mon vampire tout près de moi. Le baiser se prolonge, je cherche à dépasser mes limites, oublie de respirer pour voler quelques secondes, ne plus jamais le laisser filer. Les mains posées sur son torse, à travers le tissu, momentanément passé en second sur la liste de mes préoccupations - ne pas tomber raide étant la première - je tâche de ne pas flancher, malgré mes jambes, désormais de coton. Il s'amuse, y met les dents et je ne peux que défaillir, soupirer d'aise. Les yeux mi-clos, je suis comblée par l'ombre d'un sourire, qui quitte mes lèvres pour effleurer ma peau. Je réapprend à respirer, parcourue de frissons, de la chair de poule sur le corps.

- Je trouve que tu te débrouilles très bien, inutile de le déranger pour de telles futilités. C'est un vampire très occupé, tu sais.

Je me mord la lèvre pour me retenir de rire, hausse un sourcil. Son visage se rapproche à nouveau du mien pour un baiser, ses mains remontant le long de mon corps pour retrouver mon cou. Je profite du sentiment de liberté, de bien-être qui m’inonde, comme si plus rien ne comptait, que tout était là, tout simplement, à ma portée. Une de mes mains remonte sur sa nuque, se fait l'écho retardé de ses propres mouvements, forme des cercles entre la peau et la naissance des cheveux, s'y perd par moment. L'autre reste à sa place, me sert à le repousser vers la fenêtre, à nous éloigner de cette porte qui a pu vouloir nous séparer. Je n'ai besoin que d'une poussée et il exécute le mouvement, marche à reculons, lentement, sans nous décoller l'un de l'autre. Satisfaite, je me rapproche encore, utilise mon bras pour supprimer la distance, avant de me décider, enfin, à lui ôter ce maudit tissu. Je ne parviens pas immédiatement à mes fins - qui aurait cru qu'on aurait inversé le côté des boutons pour les chemises d'homme ! Il faut s'ajuster au changement, ce qui devient un véritable défi, à une main. Que je m'efforce de relever, bouton par bouton. Je commence par le haut, froisse la chemise d'un mouvement du poignet avant de pincer le tissu, de le retourner. Après quelques essais, ma technique se perfectionne, il ne me résiste plus. Je souris, particulièrement heureuse en cet instant, cherche les yeux bleus que j'affectionne tant tandis que nos lèvres se quittent, juste de quoi reprendre mon souffle. Les joues rougies, le rythme cardiaque en pagaille, mon épiderme se montre particulièrement sensible, je tremble pendant que ses doigts font le contour de mon vêtement, en éprouvent les frontières. Pour un temps, avant de s'assagir. Je n'en fais rien. Je profite de mon avancée pour achever d'ouvrir le vêtement, dévoile son torse, y appose aussitôt les mains. Son contact est ferme, rassurant. Froid, aussi, mais ce n'est pas désagréable. Mes lèvres plaquent des petits baisers dans son cou, descendent jusqu'à l'ancienne limite de son col.

- Très occupé, en effet...

Je murmure, me réjouissant du contact rapproché, avant de prendre doucement son visage en coupe, effleurant sa mâchoire. J'accole nos corps, ai l'impression que mon cœur se fond dans sa poitrine, proches comme nous le sommes. Brièvement, mes lèvres se posent sur les siennes - un pas de plus, il butte contre le bois du lit, nous ne pouvons avancer davantage.

Nos lèvres se quittent à peine, se retrouvent déjà : s'effleurent et s’éraflent, lentement. Mes inspirations se font saccadées, entre légers tiraillements ou coups de langue. Ses mains sont sur ma nuque et j'ai l'impression que mon sang bat dans mes tempes, le bruit produit devant, à priori, réveiller toute la maison. Ce n'est apparemment pas le cas, mais je sais que Damon, lui, n'en manque rien. Mes propres mains effleurent la peau claire, suivent des trajectoires aléatoires et circulaires, reviennent aux mêmes endroits, prennent encore leurs marques, n'osent pas tout à fait. Il n'y a plus ni le ciel étoilé du dehors ni l'ombre du dedans, plus rien que ce présent qui ne s'éternise pas et part, peut-être, déjà. Comme l'impression de rêver, de flotter, de n'être pas là, enfin, plutôt un trop-plein d'informations, de choses. Etre ancrée dans mon corps, presque à en déborder. Je me contredis en cherchant mon souffle, n'ai ni le loisir ni le temps de poursuivre sur cette lancée. Un mouvement descendant, une caresse, légère mais assez appuyée pour m'arracher un frisson, ses mains glissant sur le tissu de ma chemise de nuit, la sensation de pression, non, la connaissance seule de ce que font ses mains m'amenant à me mordre la lèvre, pantelante. C'est dément, ça ne devrait pas être possible, et pourtant ce simple mouvement, contre ma colonne vertébrale me fait trembler. Ses mouvements sont particulièrement lents, rendent chaque centimètre gagné plus important, plus frappant. Ma peau m'a l'air avide de la sienne, chauffe sous mon vêtement. C'est presque injuste, je le trouve trop composé, maître de lui. Il finit par délaisser ma lèvre, s'empare de ma nuque, de ma santé mentale, aussi, l'air de rien. Mes yeux papillonnent, ont du mal à ne pas se fermer mais il me faut voir, le voir. Je trouve ses yeux, l'ombre d'un sourire sur le lèvres, les joues bouillantes. Ses mains s'arrêtent au niveau de mes hanches, m'y tiennent fermement et je tourne dans ses bras, rencontre à mon tour le tour de lit en bois.
Suivant son nouveau mot d'ordre, avec des gestes doux, précautionneux et infiniment lents, je bascule, toujours contre lui et avec lui. Une de mes mains s'agrippe à sa nuque pour faire bonne mesure et m'assurer un appui supplémentaire, l'autre ne pouvant se résoudre à abandonner la peau exposée, à ma portée sinon offerte. Sa bouche est contre mon cou, ses bras autour de moi et je reste un instant immobile, tâche de reprendre mon souffle, de calmer ce cœur qui me trahit sans cesse. La chemise qui se faisait elle aussi traître devient momentanément une alliée, je tire légèrement sur ses pans et il me rejoint tout à fait, son corps à nouveau proche du mien, sans m'écraser. Mes mains, sous le couvert de son corps, se font à nouveau baladeuses, effleurent les muscles tendus de ses bras, reviennent à son cou, puis à son torse, l'explorent avec soin. J'embrasse doucement ce qui vient à moi ; le sommet de son crâne, la naissance d'une oreille, un bout de nuque.. Avant de redresser sa tête pour poser mes lèvres contre les siennes, une fois de plus, enfin.
La position a quelque chose de naturel et de réconfortant, il n'y a vraiment plus que lui. A voir, à toucher comme à sentir - plus que lui...

Je ferme les yeux, profite du temps qui se pause, de cet instant volé avec le sourire. Mon cœur suit un rythme fou, palpite bruyamment dans ma cage thoracique pour, soudainement, s'arrêter, quand deux lèvres se posent à nouveau contre les miennes, viennent et partent, me taquinent et me mordent. Mes poings se resserrent contre sa chemise, j'inspire en silence, mes yeux papillonnent doucement, se fixent sur le plafond pour redescendre sur le responsable de mes frissonnements. Une de mes mains effleure distraitement sa nuque et la naissance de ses cheveux, le garde tout contre moi. Je souris contre ses lèvres, mes doigts s'égarent sur son menton, trouvent un début de barbe. Sa main se pose contre mon cou et mon rythme cardiaque s'affole. Sa peau est douce, ses mouvements délicats. Ce qui m'aurait terrifié dans un autre contexte, avec un autre, ne me dérange pas. J'apprécie au contraire le moindre contact, toutes ses caresses. Ses lèvres abandonnent les miennes pour mon cou, ma tête part doucement en arrière, s'enfonce dans le matelas. Je l'incline légèrement, lui offre un meilleur accès, les mains maintenant dans son dos, l'encerclant, posées au niveau de sa nuque, l'empêchant inconsciemment de disparaître.

- Dis donc, n'étions-nous pas censé dormir, une fois le méchant vampire dévêtu ?

Un sourire m'échappe ainsi qu'un "hummm" distrait. Je joue avec ses cheveux, les yeux clos. Une part de moi serait prête à revoir le terme dévêtu : la malheureuse chemise est toujours là mais je reste silencieuse. Une légère angoisse dans le ventre et dans la gorge. Son ton n'est pourtant pas ferme, se fait railleur. Je déglutie, inspire tandis que son visage s'approche de mon oreille.
Je me raidis à la première attaque, le reste de ses taquineries m'arrachant des respirations plus profondes. Je tremble sous sa langue, un éclat de rire oublié, remplacé par un frémissement sous ses canines. Ma peau se souvient, en redemanderait presque. La constatation me fait monter le sang aux joues. Je suis saoule de son odeur, de sa peau, incapable de ne pas l'effleurer, de ne pas le toucher.

- Et ne t'a-t'on jamais dit qu'inviter des inconnus chez soi était dangereux ?

Un sourcil haussé, je m'interroge sur le mot employé. Inconnu ? Ses morsures sont plus proches, m'arrachent une exclamation étouffée. Ses doigts s'attardent sur ma clavicule et je m'emballe. Je suis tiraillée entre l'envie d'écarter le tissu, de lui donner plus de peau, de réduire la barrière, suis terrifiée à l'idée d'exposer davantage. Ses mains coupent court à mon hésitation, remontent dans mes cheveux et sur ma joue. Je me repose contre lui, soupire d'aise. J'agrippe involontairement ses cheveux, inspire longuement avant de tirer légèrement sur ses cheveux.

- Et moi qui croyais que le danger venait de mon vampire...

Ma voix est inégale, le souffle me manquant très régulièrement. Son pouce s'amuse avec ma lèvre, il me vient tout naturellement de le mordiller, d’imiter ce qu'il inflige à mon cou, à mon corps.
Je prend sa main dans la mienne, l'oblige à se rapprocher encore, caresse sa joue de l'autre, distraitement, pose mes lèvres sur sa tempe avant de redescendre, de piquer ça et là des baisers contre sa peau, dans le silence relatif de la nuit.